Colección: Mélanie Myers
(FR) Biographie
Mélanie Myers vit et travaille à Gatineau. Elle est titulaire d’une maîtrise en arts visuels du Nova-Scotia College of Art and Design (NSCAD, 2013), et d’un baccalauréat en arts et design de l’Université du Québec en Outaouais (UQO, 2008). Sa démarche touche à divers champs d’intérêt : le paysage, la réalité, le confort et la classe moyenne, qu’elle aborde de façon critique à travers les médiums du dessin et de l’installation. Ses projets ont été soutenus par les conseils des arts provincial et fédéral et diffusés dans plusieurs galeries et centres du Canada, notamment à la Galerie Division (Toronto), à la Forest City Gallery (London), à L’Écart (Rouyn-Noranda) et à la Galerie 17/18 (Ottawa). Elle a participé à des résidences au Centre Bang (Chicoutimi) ainsi qu’à la Maison Scott-Fairview (Gatineau). Elle enseigne actuellement le dessin à l’UQO. Outre sa pratique en atelier, elle travaille sur des projets d'art public et de scénographie pour le théâtre.
(FR ) Démarche artistique
Ma pratique artistique problématise la tradition du paysage afin de sonder divers étalements et arrangements. Ainsi, dans l’espace de la galerie, je transpose des bribes de paysages urbanisés — développés, altérés ou aliénés — par des propositions qui s’immiscent et se disséminent sous la forme d’un aménagement incitatif, installatif et immersif. Un parallèle constant s’opère entre l’intérieur et l’extérieur. Les dessins suggèrent des stratégies d’organisation et de standardisation de l’espace privé et public à la fois, par des recombinaisons ou reconfigurations accrues de subtilité.
Dans le quotidien comme dans ma pratique, je circule en accordant une attention particulière aux détails de l’environnement, prenant en considération la fatalité du vivre ensemble, mais aussi la négociation dans le partage d’un territoire; la cohabitation. Dès lors, au moyen de techniques de simulacres, je réplique les perceptions de ces habitats façonnés que j’altère ensuite en imposant des parcours délimités, accidentés et même obstrués.
Comme quelconques paysages, mes dessins sont contemplatifs. Bigarrés au crayon de bois sur de grands reliefs de papier mâché, les paysages représentent des éléments organiques ou architectoniques, des endroits organisés ou déréglés par les pratiques d’aménagement, par les réseaux routiers ou les programmes d’art public. L’habituel côtoie l’inhabituel, et le réel voisine l’irréel.
Dans une récente série, je m’intéresse aux installations monumentales d’art public et d’art environnemental datant des années 70 à aujourd’hui. Ces sculptures et interventions grandioses mobilisent des ressources considérables et occupent une portion apparente du paysage visuel. Le dessin me permet d’intervenir sur des œuvres citées en les altérant afin de les intégrer à leur lieu d’implantation.
ESPACE/PERSPECTIVE/SPACE
Les dessins représentent des espaces communs qui ont été investis par des artistes ayant un désir de modeler le paysage, d’intégrer des objets dans de vastes perspectives. Les œuvres citées s’articulent autour de la notion de terrain, autour des réactions individuelles à celui-ci et des activités qui s’y déroulent. Si elles sont issues d’une forme d’émancipation politique, de détachement des institutions en arts, leurs attitudes envers le paysage transgressent l’espace dans lequel nous nous trouvons. Les dessins jouent sur cette ambiguïté en proposant une sorte d’imitation des œuvres, une contrefaçon qui vient interroger la relation qu’ont les pratiques du land art avec le paysage préalable.